C’est par le hasard d’un réseau amical, et professionnel, comme c’est souvent le cas, que Cyrille Boulay se retrouva à Hammamet. Mais c’est par l’enchantement de ses jardins, la douceur de sa lumière, la magie de ses crépuscules qu’il y revint, encore et encore pour finir par y jeter l’ancre.
Mais commençons par le commencement. Historien, expert en art, Cyrille Boulay est passionné, depuis son plus jeune âge par l’histoire des rois et des reines. Mais quand on les lui racontait, il n’y avait guère d’images pour les illustrer. Aussi commença-t-il à écumer les bouquinistes et antiquaires, collectionnant photos et cartes postales des familles royales. C’est d’ailleurs ainsi qu’il rencontra Frédéric Mitterrand qui, préparant ses fameuses émissions «La chute des aigles», et «Les mémoires d’exil», s’intéressa à son fond iconographique. Ensemble, accompagnés de Pierre Cardin, ils fondèrent une revue consacrée au gotha : «Princes d’Europe et d’ailleurs ». Et c’est parce que Frédéric Mitterrand ne trouvait pas le temps d’écrire l’éditorial du premier numéro que Cyrille Boulay l’accompagna à Hammamet pour l’encourager à le faire.Mais une fois dans la ville jardin, Cyrille Boulay oublia pour un temps ses rois et ses reines pour céder au charme des lieux. Il faut avouer qu’il avait le meilleur des guides. Frédéric Mitterrand l’introduisit dans les jardins secrets, les demeures les plus fermées, lui fit rencontrer ceux qui concentraient la mémoire et l’esprit de Hammamet.
Certaines villes ne sont pas innocentes, et il est difficile d’échapper à leurs charmes. Cyrille Boulay n’essaya pas. Il y acquit une maison, y aménagea un espace pour les amis, et s’y sentit chez lui plus que n’importe où ailleurs.Aujourd’hui, l’écrivain souhaite rendre hommage à cette cité qui l’a si bien accueilli. Il prépare un livre sur la trace et l’écho que Hammamet a pu laisser chez ceux qui y sont passés. Car le monde entier est venu à Hammamet. Dans le livre d’or de Sebastian, celui des Henson, il retrouve la mémoire de cette ville. Mais aussi dans les souvenirs des vieux Hammamétois. Le valet de pied de Sebastian lui raconta comment il vit jaillir un jour dans la piscine un gros personnage en tenue d’Adam : Winston Churchill qui venait préparer le débarquement. Le fils de Achour, le restaurateur, vit passer à sa table écrivains, peintres et photographes célèbres. Les icônes de Hammamet, Leila Menchari, Chacha Guigua, Fella évoquèrent pour lui souvenirs de rencontres et de fêtes…
Et puis, il retrouva des témoignages dans la littérature, les relations de voyage, les nouvelles, les écrits de nombreux romanciers comme Jules Verne déjà en 1858, Georges Perec, Michel Tournier. Dans la peinture de certains artistes qui y séjournèrent comme Jossot qui s’y fit musulman, Gaston Berthelot, et certains comme Klee, Macke, Kandinsky, qui avouèrent y avoir découvert la lumière. Dans les photos de Man Ray, Cecil Beaton, Denise Bellon, Réy Soupault.
Tous ont rendu hommage à cette cité et ce sont ces hommages que Cyrille Boulay s’attache à recueillir et présenter. Hammamétois de cœur, il évoque sa quête de «ces étrangers qui parlent de nous». Et cette quête, structurée parce qu’il est d’abord un historien, mais émouvante parce qu’elle vient du cœur et qu’il est écrivain, a séduit les gens de Hammamet qui viennent lui apporter leurs moissons de souvenirs, de photos, de documents.
Tant et si bien que Cyrille Boulay se retrouve avec suffisamment de matière pour un ou deux livres supplémentaires. Et qu’il a bien l’intention de les écrire.